Lettre d’Alep no. 47 : « Nous voulons retrouver notre dignité »

« Nous voulons quitter toute la région ! » Cette phrase, le frère Georges Sabé, ecclésiastique syrien, ne l’entend que trop souvent. Une fois de plus, le cofondateur des Maristes Bleus, organisation partenaire de CSI en Syrie, demande la levée des sanctions économiques. Plus de 80 % des Syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils ont tous droit à la dignité humaine. Les Maristes Bleus continuent de s’engager pour soulager les souffrances des habitants d’Alep.

Les Maristes Bleus s’engagent corps et âme en faveur des personnes en détresse à Alep. mb

Les Maristes Bleus d’Alep. mb

 

Récemment, les Maristes Bleus ont passé une journée à prier et à jeûner pour la paix au Moyen-Orient. Plusieurs membres ont exprimé leur lassitude de la guerre : Khalas ! « Khalas est une expression pour dire : ça suffit, basta ! On en a marre, nous ne voulons plus écouter ces nouvelles, nous ne voulons plus regarder les scènes de violence, de sang, de mort, d’explosions, de destruction ! Nous ne pouvons plus ! » a déclaré le frère Georges.

L’état d’esprit actuel renforce le désir de nombreuses personnes d’émigrer de Syrie : « Nous voulons quitter toute la région ! » entend régulièrement le frère Georges. « Tous ces jeunes qui n’ont dans la tête qu’une seule idée : quitter le pays pour aller n’importe où, n’importe comment, mais le plus tôt possible. »

Une crise succède à une autre

Les Syriens ont vécu la guerre civile, la pandémie de Covid-19, les sanctions économiques et le tremblement de terre. Et maintenant, la guerre au Moyen-Orient est venue s’y ajouter. Cette spirale négative pèse également sur l’esprit du frère Georges : « Comment semer l’espérance dans une société fragilisée, une société qui ne cesse de s’appauvrir, une société qui lutte pour survivre, une société qui n’a plus la force de se lever ? »

82 % de la population sous le seuil de pauvreté

En raison du marasme économique, une grande partie de la population syrienne a glissé dans une pauvreté abjecte : « … une population dont 82 % vit sous le seuil de la pauvreté. » Les gens souffrent de pénuries alimentaires. Ils doivent en outre se contenter d’environ deux heures d’électricité par jour. Les sanctions pèsent sur le quotidien des Syriens. Ils sont contraints de faire face à l’inflation galopante. « Tout renchérit d’un jour à l’autre », déplore le frère Georges. Les fournitures scolaires et les frais de scolarité pour un seul enfant représentent à eux seuls plus de la moitié du salaire annuel des parents.

Très souvent, le frère Georges a l’impression que les Syriens sont chez eux « sur une autre planète. La planète des sanctions ! C’est inhumain, impardonnable, révoltant ! Nous n’acceptons pas que le monde soit indifférent. Nous refusons d’être traités en misérables. Nous voulons récupérer notre dignité … Nous voulons être réintroduits dans la communauté internationale. »

Une aide étendue pour les plus démunis

En ces temps difficiles, l’abandon n’est pas une option pour les Maristes Bleus. « Nous cherchons par tous les moyens à soutenir les plus démunis », assure l’ecclésiastique, évoquant également les programmes d’aide cofinancés par CSI.

Le programme « Pain Partagé » fournit chaque jour un repas chaud à plus de 250 personnes âgées. Le nombre de bénéficiaires de plus de 80 ans ne cesse d’augmenter. Comme l’électricité n’est disponible que deux heures par jour environ, les Maristes Bleus ont installé des batteries et des lumières LED pour que les personnes concernées ne restent pas dans le noir après le coucher du soleil et que la télévision puisse au moins un peu rompre leur solitude.

Les survivants du tremblement de terre de février 2023 reçoivent des meubles et des appareils électriques, ainsi que de la nourriture selon les besoins. Lorsqu’une dame s’est vu remettre son panier de nourriture, elle a éclaté en sanglots : « Je n’ai plus une goutte d’huile d’olive à la maison depuis plusieurs jours. »

Un espoir d’avenir pour les jeunes

Par ailleurs, les Maristes Bleus accompagnent, avec l’aide de CSI, de jeunes adultes dans la création de leur propre entreprise. Dans le cadre de ce programme de microcrédit « Job », les participants reçoivent des conseils et un soutien comme pour la formation professionnelle. Toutefois, les personnes intéressées doivent se soumettre à une procédure de sélection rigoureuse. Pour une formation de vingt étudiants, plus de cent candidats s’inscrivent régulièrement.

Le programme « Heartmade », également soutenu par CSI, a été développé, notamment avec un nombre accru de produits, afin que les participants puissent s’autofinancer autant que possible. Vingt femmes ont ainsi trouvé du travail et fabriquent des vêtements féminins uniques à partir de chutes de tissu.

Le frère Georges Sabé termine sa lettre d’Alep par un remerciement aux donateurs : « Vous êtes notre espoir ! Nous comptons sur vous pour qu’ensemble nous changions le monde afin qu’il soit plus juste, plus digne, plus humain. »

Frère Georges Sabé (Maristes Bleus) | Reto Baliarda

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