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Dans les montagnes du Haut-Karabakh, l’une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde est menacée d’extinction

Dans la région du Haut-Karabakh, au sud du Caucase, quelque 120 000 Arméniens majoritairement chrétiens sont assiégés depuis fin 2022 par l’Azerbaïdjan. Ils n’ont pas de gaz et peu d’électricité. La nourriture et les médicaments s’épuisent. Lorsqu’ils tentent de cultiver leurs champs, les agriculteurs se font tirer dessus par des snipers.

Le gouvernement azerbaïdjanais veut expulser les Arméniens du Haut-Karabakh de chez eux. Depuis le 12 décembre, l’Azerbaïdjan bloque la seule route qui relie cette région à la République d’Arménie et, de là, au reste du monde.

Le territoire du Haut-Karabakh est entièrement encerclé par l’armée azerbaïdjanaise. Hormis les passages occasionnels de la Croix-Rouge ou des Forces de maintien de la paix russes, personne ne peut quitter le territoire et personne ne peut rien y importer.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont lancé une alerte au génocide pour les Arméniens du Haut-Karabakh.

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27 décembre 2022 | Un garçon se tient sur la route bloquée menant au Haut-Karabakh et n’a pas le droit de rentrer chez lui. (Photo : Siranush Sargsyan @SiranushSargsy1)
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Source : ouest-france
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Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev. wikipédia | president.az

La menace

Sur la base des frontières tracées par l’Union soviétique en 1921, l’Azerbaïdjan revendique le Haut-Karabakh comme son territoire. Dans une guerre qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique, les Arméniens du Haut-Karabakh ont obtenu leur indépendance et sont devenus une république libre, bien que non reconnue par le monde.

L’Azerbaïdjan n’a toutefois jamais renoncé à son objectif de conquérir le territoire du Haut-Karabakh. Entre-temps, l’État au régime autocratique s’est enrichi grâce au pétrole et a investi des milliards dans des armes.

En 2020, l’Azerbaïdjan a lancé, avec la Turquie, une nouvelle guerre pour conquérir le Haut-Karabakh et pour expulser ou exterminer les Arménien qui y vivent.

Ils ont tué des milliers de soldats, bombardé des zones civiles et forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs maisons. Beaucoup de civils arméniens pris au piège derrière les lignes ennemies ont été abattus et décapités. Leurs assassins ont filmé leurs crimes et les ont mis en ligne sur les médias sociaux, afin que le monde entier puisse les voir.

Avant que les Arméniens ne soient complètement anéantis, la Russie a stoppé l’invasion azerbaïdjanaise. Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Azerbaïdjan a de nouveau intensifié son agression. En septembre 2022, il a lancé une attaque massive de deux jours directement sur la République d’Arménie. Et en décembre 2022, il a commencé à assiéger le Haut-Karabakh.

Par le passé, l’Azerbaïdjan a systématiquement détruit toute trace de l’existence et de l’histoire arméniennes sur l’ensemble du territoire qu’il contrôle. Pour décrire les Arméniens, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev utilise des termes tels que « chiens », « « rats », « créatures humanoïdes ». Il parle ouvertement de les « chasser de notre pays » et affirme que non seulement le Haut-Karabakh, mais la majeure partie de l’Arménie est « notre terre historique, où nous retournerons de toute façon ».

Si l’Azerbaïdjan prend le contrôle du Haut-Karabakh, la communauté chrétienne vieille de mille sept cents ans qui y vit sera anéantie à jamais.

L’histoire

En 301 après Jésus-Christ, l’Arménie a été le premier pays au monde à se tourner vers le christianisme. Au cours de sa longue histoire, elle a survécu à de nombreuses vagues de persécution. Elle a été conquise et reconquise par les grands empires perse, islamique, turc et russe. Pendant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman a commis un génocide et exterminé plus d’un million d’Arméniens chrétiens. Sous le communisme soviétique, toutes les églises du Haut-Karabakh ont été scellées et de nombreux prêtres ont été envoyés au goulag.

Malgré les souffrances endurées, les Arméniens sont restés attachés à leur foi et à leur identité chrétienne.

Mais aujourd’hui, le cap est à nouveau mis sur le génocide arménien.

Allons-nous garder le silence ?

La chronologie

1915-1923 | L’Empire ottoman et son successeur, la Turquie, massacrent plus d’un million d’Arméniens. Plusieurs centaines de milliers d’autres sont réduits en esclavage, forcés de se convertir à l’islam ou contraints à l’exil.

1918 | La République d’Arménie déclare son indépendance. Les Arméniens de la région du Haut-Karabakh déclarent également leur indépendance. L’Empire ottoman envahit la région du Caucase et aide à la création de la République d’Azerbaïdjan.

1920 | Les troupes azerbaïdjanaises massacrent des milliers d’Arméniens au Haut-Karabakh. L’Union soviétique conquiert l’Arménie, l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh.

1921 | Joseph Staline, alors commissaire soviétique du peuple aux nationalités, redessine les frontières. Malgré les protestations de la population, il intègre le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan soviétique.

1988 | Les Arméniens du Haut-Karabakh commencent à lutter pour leur liberté. L’Azerbaïdjan bloque la région et commence le nettoyage ethnique des villages arméniens.

1991 | L’Union soviétique s’effondre ; l’Azerbaïdjan, l’Arménie et le Haut-Karabakh déclarent leur indépendance. L’Azerbaïdjan assiège et bombarde la ville arménienne de Stepanakert au Haut-Karabakh.

1992-1994 | Une guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour le Haut-Karabakh se termine par un cessez-le-feu ; le Haut-Karabakh devient une république libre. Cependant, aucun autre pays ne reconnaît son indépendance.

2016 | L’Azerbaïdjan attaque le Haut-Karabakh. Il occupe notamment le village de Talish, où plusieurs Arméniens âgés sont torturés et tués. L’Arménie parvient à repousser l’Azerbaïdjan.

2020 | Le 27 septembre, l’Azerbaïdjan lance une nouvelle guerre pour conquérir le Haut-Karabakh. L’attaque dure quarante-quatre jours et fait plus de sept mille morts des deux côtés. Les forces armées azerbaïdjanaises commettent de nombreux crimes de guerre contre les Arméniens, notamment le bombardement de zones habitées avec des bombes à fragmentation et l’exécution d’otages civils.

Le 9 novembre, la Russie impose un cessez-le-feu à l’Azerbaïdjan. Dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, l’Arménie cède de vastes territoires à l’Azerbaïdjan, y compris une zone reliant l’Arménie au Haut-Karabakh. Des dizaines de milliers d’Arméniens vivant dans ces régions doivent quitter leurs maisons. Les Arméniens du Haut-Karabakh n’ont plus qu’une seule route, le corridor de Latchine, qui les relie à l’Arménie et au reste du monde.

2022 | Le 13 septembre, l’Azerbaïdjan attaque le cœur de l’Arménie. En deux jours, des centaines d’Arméniens sont tués, dont sept soldats massacrés après s’être rendus, ainsi qu’une femme soldat violée et démembrée par des soldats azerbaïdjanais.

Le 12 décembre, l’Azerbaïdjan bloque le corridor de Latchine et commence ainsi le siège du Haut-Karabakh.

2023 | La Cour internationale de justice demande à l’Azerbaïdjan d’ouvrir le corridor de Latchine. L’ordonnance du tribunal est ignorée.

2024 ?

Différents articles (en anglais)

Uzay Bulut | « Sieged and Starved: 120,000 Armenians »

Sohrab Ahmari | « Armenia’s Race for Survival »

Vicken Cheterian | « Armenia: Another Century, Another Genocide? »

Amnesty International | « Blockade of Lachin corridor putting thousands of lives in peril »

OC Media | « Life under blockade »

CBN News | « There Will Be Massacres »