Rhoda Jatau devrait connaître son sort le 27 novembre

Rhoda Jatau, l’infirmière chrétienne actuellement jugée pour blasphème par la Haute Cour de l’État de Bauchi, dans le nord du Nigeria, connaîtra enfin son sort à la fin du mois de novembre, près d’un an après le début de son procès.

Rhoda Jatau (2ème à gauche) à la sortie du tribunal le 16 octobre 2023 csi

Rhoda Jatau (2ème à gauche) à sa sortie du tribunal le 16 octobre, avec Salomon Mwantiri (à droite).

 

Le tribunal a fixé au 27 novembre la date à laquelle il statuera sur une demande de non-lieu présentée par les avocats de la défense, qui espèrent que toutes les charges retenues contre elle par les autorités de Bauchi seront abandonnées.

Si les charges ne sont pas abandonnées, l’équipe de défense de Mme Jatau aura fort à faire pour convaincre le tribunal qu’elle n’est pas coupable de blasphème contre l’islam – une infraction passible de la peine capitale dans le nord du Nigeria.

La famille présente au tribunal

L’équipe de défense de Mme Jatau a présenté sa demande lors d’une audience qui s’est tenue le 16 octobre en présence de membres de la presse et d’observateurs des droits de l’homme. Le mari de Rhoda, Ya’u Adamu, qui élève seul ses enfants depuis l’arrestation de sa femme, était présent également.

« C’était un spectacle émouvant de voir le couple se revoir après de nombreux mois », a déclaré le défenseur des droits de l’homme Solomon Mwantiri, qui a rendu compte de l’audience pour Christian Solidarity International (CSI). CSI fait campagne pour l’acquittement et la libération de Mme Jatau depuis son arrestation.

Mme Jatau est en détention depuis son arrestation le 20 mai 2022. Cette mère de cinq enfants a été accusée de blasphème en raison d’une vidéo qu’elle aurait partagée avec des collègues pour condamner le lynchage d’une étudiante chrétienne, Deborah Yakubu, dans l’État de Sokoto, une semaine plus tôt.

À la suite de son arrestation, la famille de Mme Jatau s’est cachée pour assurer sa propre sécurité.

De multiples retards dans la procédure judiciaire

En vertu des lois de la charia du nord du Nigeria, le blasphème est un crime capital passible de la peine de mort en cas de condamnation. Les chrétiens nigérians sont les premières cibles de ces lois depuis 1999, date à laquelle 12 États du nord du pays – dont Bauchi – ont introduit la loi islamique dans leur code pénal.

Le procès a été marqué par des ajournements et des reports, que les défenseurs des droits de l’homme considèrent comme des manœuvres dilatoires visant à priver Mme Jatau de justice et à la maintenir en détention. Ils soutiennent que l’accusation ne dispose pas d’un dossier susceptible de résister à un examen approfondi devant le tribunal.

La même vague d’ajournements et de reports a été observée dans le cas de la mise en accusation de Luka Binniyat, un journaliste chrétien du sud de Kaduna qui a été accusé de cyberharcèlement en 2022. Binniyat a finalement été libéré de prison, son cas ayant attiré l’attention des médias internationaux.

 

Franklyne Ogbunwezeh

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