Le calvaire de Vagif Khachatryan

Manifestation à Genève en faveur du Haut-Karabakh. csi

Vagif Khachatryan est un civil de 68 ans originaire du Haut-Karabakh. Il est retenu en otage depuis le 29 juillet 2023, date à laquelle il a été enlevé par les forces armées azerbaïdjanaises alors qu’il était transporté vers l’Arménie par la Croix-Rouge avec quinze autres patients. Ani Badalyan, porte-parole de la diplomatie arménienne, a précisé que Vagif Khachatryan devait être opéré du cœur en urgence. Lui et ses compatriotes avaient déjà subi huit mois de blocus, sans accès aux médicaments. Lors de son arrestation illégale au poste frontière de Latchine, il tenait à peine debout. Le personnel de la Croix-Rouge fut menacé par les gardes-frontière azerbaïdjanais, le vieil homme intimidé et privé de ses papiers, puis emmené vers un lieu de détention inconnu.

Un simulacre de procès

Le 13 octobre 2023, un procès fictif est organisé : Vagif Khachatryan est forcé de comparaître devant un tribunal militaire, dans une atmosphère de torpeur accablante, pour des accusations conçues sur la base de preuves falsifiées. C’est un homme brisé, harcelé, à bout de forces, qui apparaît.

Dans cette mise en scène créée afin d’alimenter le sentiment de toute-puissance du gouvernement d’Ilham Aliyev et sa haine obsessionnelle de l’Arménie, le civil arménien est filmé comme un animal en cage. Il ne voit et n’entend qu’à peine ceux qui lui portent des accusations. Un homme azerbaïdjanais, instrumentalisé, affirme l’avoir reconnu, l’accusant de crimes (fictifs) qui auraient eu lieu de nombreuses années auparavant. Privé de sa dignité, Vagif Khachatryan ne laisse transparaître que tristesse, désespoir et peur.

Son enlèvement illégal est une violation des libertés individuelles fondamentales et du droit humanitaire international. Ce simulacre de procès démontre le mépris des autorités azerbaïdjanaises pour le respect des droits de l’homme et des pratiques juridiques légales en vigueur, y compris à Bakou.

Les vidéos montrent l’état de souffrance de cet Arménien en état de stress post-traumatique, isolé, acculé, humilié, épuisé, en pleurs. Son regard est pétri d’effroi, sa posture indique des signes de maltraitances, de traitements humiliants et vexatoires infligés pendant sa détention illégale, dans une mise en scène de tribunal de guerre sordide et mortifère.

Vagif Khachatryan n’a commis aucun crime, il est « seulement » un Arménien. Il risque une peine allant de vingt ans de prison à la détention à perpétuité pour des crimes inventés de toutes pièces.

Il n’est pas le seul à être détenu illégalement. L’Azerbaïdjan a arrêté d’autres civils avant l’invasion du Haut-Karabakh, et détiennent en otage au moins huit dirigeants de la république d’Artsakh.

Hélène Andonian | Angélique Gourlay