Les personnes déplacées du Haut-Karabakh trouvent refuge dans un camp soutenu par CSI

Christian Solidarity International (CSI) apporte son soutien aux Arméniens victimes de nettoyage ethnique au Haut-Karabakh. Certains d’entre eux vivent maintenant dans un camp géré par l’Église catholique arménienne à Torosgyugh, dans le nord-ouest de l’Arménie.

Slavik Sargsyan a la maladie de Parkinson. Il est arrivé en Arménie avec sa femme Ira en ambulance militaire. csi

Plus de cent mille Arméniens d’origine chrétienne ont été chassés de chez eux par la brutale prise de contrôle du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan en septembre 2023. Nombre d’entre eux ont trouvé un abri temporaire chez leur famille et leurs amis en Arménie, mais d’autres sont hébergés dans des camps pour déplacés.

Par l’intermédiaire de son organisation partenaire locale, Caritas Arménie, CSI a fourni une aide humanitaire à 31 familles, soit 130 personnes, au camp d’Aghajanyan durant le mois de septembre 2023. En plus d’un toit au-dessus de leur tête, le soutien comprend les repas, les vêtements, les soins médicaux et psychologiques.

« Nous vivrons, que pouvons-nous faire d’autre ? »

Les Grigoryans sont l’une des familles à avoir trouvé refuge dans le camp. Dans un premier temps, ils ont décidé de rester sur place, au Haut-Karabakh, malgré les bombardements sur leur village de Kochoghot par les forces azerbaïdjanaises. Mais le deuxième jour, un dirigeant de la communauté est venu leur dire de se rendre à l’aéroport où étaient basés des soldats russes. Les Grigoryans ont laissé sortir le bétail de l’étable et ont nourri les porcs pour la dernière fois. Puis la famille est partie, n’emportant avec eux que des documents personnels.

« Moins de deux heures plus tard, les troupes azerbaïdjanaises ont envahi le village et l’ont pillé », dit Kamo Grigoryan.

Après un long voyage dans un bus transportant cinquante passagers, la famille est arrivée au camp, traumatisée. Une voisine âgée est morte dans ce bus. « Nous avons pris son corps et l’avons allongé sur la banquette arrière, raconte Kamo. Notre fils n’arrêtait pas de demander : « Où est partie tata ? » Les Grigoryans n’ont pas l’intention de rester longtemps au camp. Ils vivaient de la terre au Haut-Karabakh et espèrent faire de même en Arménie. « Le froid ici ne nous dérange pas. C’est très similaire au climat de notre village. J’aimerais vivre et travailler dans un village, confie Kamo. Si nous recevons de l’aide pour le faire, nous rebâtirons la vie que nous avions et nous vivrons. Que pouvons-nous faire d’autre ? »

L’opportunité de faire de l’agriculture

 Les Mirzoyans, une famille de six personnes, ont également tout laissé derrière eux lorsqu’ils ont fui le Haut-Karabakh. Ils disent qu’ils ont dû déménager trois ou quatre fois et qu’ils n’ont pas l’intention de le faire à nouveau. « Nos enfants sont en sécurité maintenant ici. Nous avons la possibilité de cultiver et d’élever des animaux, ce qui nous aide à nous concentrer sur quelque chose de positif et à ne pas penser, au moins pendant un petit moment, au malheur que nous avons vécu. »

Les Mirzoyans ont inscrit leurs enfants à l’école locale. Près de trente enfants du camp fréquentent l’école.

Espoir et attentes

 Dans la panique qui a suivi l’attaque de l’Azerbaïdjan, les Arméniens ont en hâte quitté le Haut-Karabakh. Des milliers de voitures se sont suivies sur l’étroite autoroute de montagne qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie. Habituellement, le voyage dure quelques heures, mais il a fallu trois jours et trois nuits à Ira Sargsyan et à son mari Slavik (75 ans) pour atteindre Torosgyugh dans une ambulance militaire. Slavik souffre de la maladie de Parkinson. Ira ne peut pas parler de son expérience sans verser de larmes. Laissant derrière eux tout ce pour quoi ils avaient travaillé, le couple est arrivé en Arménie affamé, assoiffé, avec la peur au ventre.

« Cette peur n’est pas nouvelle », affirme Ira. L’Azerbaïdjan a assiégé le Haut-Karabakh pendant plus de neuf mois avant l’attaque finale. Le siège a entraîné d’énormes pénuries alimentaires et les forces azerbaïdjanaises ont terrorisé la population en tirant au hasard sur les agriculteurs et d’autres civils.

« Nous nous sommes habitués à vivre dans la peur, soupire Ira. Ce n’était pas comme si cet exode était venu de nulle part. Il y avait des files d’attente pour acheter du pain à partir de 16 heures du soir. Nous revenions souvent à la maison les mains vides. Lutter vingt-quatre heures par jour pour survivre était devenu normal pour nous. »

Le couple attend toujours d’être réuni avec sa famille. Leurs fils adultes avec leurs femmes et leurs enfants restent tous dans des endroits différents jusqu’à ce qu’ils décident de leur avenir. Les Sargsyans sont remplis de nostalgie pour leur foyer au Haut-Karabakh. Ira n’a pas entièrement abandonné l’espoir de retourner à Stepanakert et y boire un café avec un voisin.

Mkrtich Babayan, le responsable du programme de soutien de Caritas Arménie pour les déplacés de force du Haut-Karabakh, a déclaré que le camp offre un hébergement confortable aux résidents et que la plupart resteront jusqu’à ce qu’ils décident où ils souhaitent s’installer. « Ils n’ont d’exigences envers personne, dit-il. En ce moment, tout ce qu’ils veulent, c’est la paix. »

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