La pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine font grimper les prix des denrées alimentaires. Dans des pays comme le Soudan du Sud, le prix d’un pain est désormais trois fois plus élevé et l’offre de nourriture sur le marché se réduit. De nombreuses personnes ne mangent plus qu’un seul repas par jour au lieu de deux.
L’ONU a suspendu son aide
Comme l’explique Franco Majok, responsable CSI pour le Soudan du Sud, ce pays importe la majeure partie de sa nourriture de l’étranger. Ces dernières années, l’approvisionnement des plus pauvres était assuré par le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU. Mais comme l’argent manque actuellement, le programme de distribution de nourriture a été interrompu à la mi-juin 2022.
La suspension de l’aide intervient au plus mauvais moment pour les habitants du Soudan du Sud, car le pays s’apprête à vivre une année de famine sans précédent, rapporte le journal en ligne sudantribune.com. Concrètement, cela signifie que 1,7 million de personnes pourraient être confrontées à la crise alimentaire. Franco Majok explique à ce sujet : « Les familles vivant dans les régions reculées sont les plus touchées. Si aucune aide n’est apportée, elles risquent de mourir de faim. »
De mauvaises récoltes
« La situation est particulièrement précaire cette année, car la période des semailles a coïncidé avec une période de sécheresse, poursuit Franco Majok. Les champs n’ont donc pas pu être cultivés à temps. La saison des pluies a à son tour entraîné de graves inondations qui ont détruit ce qui avait pu pousser malgré tout. »
Nous apportons une aide dans les régions reculées
Après le retrait du PAM du Soudan du Sud, CSI est la seule organisation à distribuer de la nourriture dans les deux États fédérés du Bahr el-Ghazal du Nord et du Warab pendant le « mois de la faim » en juillet 2022. Dans le Bahr el-Ghazal du Nord, 145 tonnes de sorgho (une variété de mil) ont été distribuées du 21 au 27 juillet 2022. Franco Majok précise : « Nous avons distribué 25 kilos de sorgho à chacune des 5 800 familles affamées. De nombreuses personnes dans le besoin ont dû marcher plusieurs jours pour se rendre dans l’un des centres de distribution. Et ce, malgré leur faiblesse due à la malnutrition. »
Dans l’État fédéré voisin du Warab, 30 tonnes de nourriture ont été distribuées. CSI a également fait don de nourriture aux personnes affamées au Soudan. Dans la région montagneuse des monts Nouba, où vivent de nombreux chrétiens et musulmans modérés, 15 tonnes de millet ont été distribuées. Les personnes de la région d’Abiyé, autre région frontalière contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud, ont reçu 20 tonnes de millet.
De nombreux chrétiens ont été chassés de force de leurs villages par des milices musulmanes soudanaises et se retrouvent aujourd’hui sans rien.
Une distribution sans incident
Bien que Franco Majok ait le soutien des autorités pour la distribution de nourriture, il est tendu à chaque distribution. C’est surtout l’idée d’attaques contre les véhicules de transport lourdement chargés qui l’inquiète.
C’est pourquoi il est reconnaissant que la grande distribution de sorgho se soit déroulée sans incident et que des milliers de personnes affamées aient pu bénéficier d’un soulagement notable.
La crise alimentaire dans les deux États fédérés (Bahr el-Ghazal du Nord et Warab) n’est cependant pas encore totalement surmontée. « La phase critique se poursuivra jusqu’à la première semaine de septembre », souligne Franco Majok.
Reto Baliarda
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