Renforcer l’identité des chrétiens en Nouvelle-Guinée occidentale

L’Indonésie est le pays islamique le plus peuplé au monde. Mais la Nouvelle-Guinée occidentale est encore aujourd’hui majoritairement habitée par des chrétiens. CSI veut s’investir en Indonésie et a développé un programme en collaboration avec la population locale pour soutenir les chrétiens qui sont toujours plus harcelés par les musulmans.

Jusqu’à présent, les différentes communautés religieuses reconnues par l’État ont toujours cohabité de manière plutôt pacifique en Indonésie, malgré quelques flambées de violence occasionnelles, notamment à l’égard des chrétiens. Malheureusement, lors de la Journée CSI 2019, l’ancien président du conseil de fondation Herbert Meier a fait état d’une vague islamiste de plus en plus fondamentaliste.

La majorité chrétienne recule

Pour les chrétiens de Nouvelle-Guinée occidentale, l’histoire récente est douloureuse. Après la reconnaissance de l’indépendance de l’Indonésie par les Pays-Bas en 1949, la Nouvelle-Guinée occidentale est d’abord restée une colonie néerlandaise. Finalement, c’est en 1963 que la Nouvelle-Guinée occidentale a été intégrée à l’Indonésie dans le cadre d’un accord qui prévoyait la tenue d’un référendum au plus tard en 1969. Ce référendum aurait dû permettre à la population de se prononcer à l’égard de son annexion à l’Indonésie. Mais ce droit lui est toujours refusé, après bientôt soixante ans d’annexion de son territoire.

Jusqu’en 1962, cette région la plus orientale de l’Indonésie était principalement peuplée d’indigènes papous chrétiens. Aujourd’hui, environ 2,9 millions de personnes vivent en Nouvelle-Guinée occidentale, mais seuls quelque 55 % d’entre elles sont encore des indigènes papous. Le reste de la population est constituée d’immigrés qui viennent d’autres régions d’Indonésie.

En effet, il faut savoir qu’au cours des dernières décennies, le gouvernement indonésien a systématiquement favorisé l’implantation de Non-Papous en Nouvelle-Guinée occidentale afin de modifier la structure de la population et de faire des Papous natifs une minorité. Les terres, qui ont été données gratuitement aux musulmans immigrés, ont souvent été retirées aux Papous sans compensation adéquate. Des milliers de Papous ont même été victimes de violences et de représailles au cours de ce processus. Expulsions, arrestations arbitraires, torture dans les prisons et procès iniques sont encore à l’ordre du jour en 2021.

Des conséquences pour l’environnement

L’évolution actuelle est non seulement destructrice pour le mode de vie traditionnel papou, mais aussi pour l’environnement. Car la Nouvelle-Guinée occidentale abrite les plus grandes mines de cuivre et d’or au monde et leur exploitation est une véritable catastrophe écologique.

De même, la seule forêt tropicale humide encore intacte d’Asie est en train d’être défrichée, hectare par hectare, pour faire place à des plantations de palmiers à huile, au grand bénéfice des multinationales ainsi que du gouvernement indonésien. Pendant ce temps, la population indigène se fait enlever ses terres et voit son habitat détruit, souvent manu militari. Les Papous indigènes sont en train d’assister impuissants à l’anéantissement de leurs moyens de subsistance et de leurs forêts, sans aucune réaction de la part de la communauté internationale.

« Nous ne reculerons pas »

Le christianisme a atteint la Nouvelle-Guinée occidentale en 1855 grâce à des missionnaires néerlandais et allemands. Jusque dans les années 1960, c’était la seule religion monothéiste de Nouvelle-Guinée occidentale. La foi chrétienne a joué un rôle important dans la survie de l’ethnie papoue, l’aidant à préserver son identité et à faire face courageusement aux défis de la modernisation.

L’une des Églises les plus actives dans le domaine des droits de l’homme en Indonésie est l’Église évangélique KINGMI, qui est principalement active dans les hautes terres de Nouvelle-Guinée occidentale. Elle est la deuxième plus grande Église de Nouvelle-Guinée occidentale et compte environ 600 000 membres. Elle appartient à la Pacific Conference of Churches.

L’activiste des droits de l’homme Benny Giay, le président de cette Église, a compris très tôt que les habitants devaient prendre leur vie en main sans attendre l’aide de l’extérieur. Ainsi, depuis 2006, le programme pastoral de cette Église est placé sous la devise Berubah Supaya Lebih Kuat (« être transformé de l’intérieur pour devenir plus fort »). Cela implique de promouvoir la foi, l’éducation, les droits de l’homme et la sensibilisation à l’environnement.

Dans son engagement en faveur des droits des Papous, l’Église KINGMI met l’accent sur des négociations pacifiques. En effet, l’expérience leur a appris qu’une résistance violente ne faisait qu’amplifier la répression armée de l’État.

Ateliers de CSI

En collaboration avec Benny Giay, CSI a développé un programme de promotion pour les Papous chrétiens. En novembre 2020, deux ateliers ont rassemblé cinquante personnes issues de toute la région. L’accent a été mis sur la violation des droits de l’homme, la pauvreté et le rôle de l’Église dans les questions relatives aux droits de l’homme. Un autre sujet important était le droit à la terre et la question de la déforestation. D’autres ateliers sont prévus.

Les participants sont enthousiastes

CSI soutient également la mise en place d’un bureau de coordination pour les pasteurs et autres collaborateurs de l’Église qui participent aux ateliers. Frediel Pigay, coresponsable de ce secrétariat, est très reconnaissant : « Ce secrétariat et les ateliers sont une réponse à nos difficultés. Ils aident les Papous à devenir des chrétiens forts et confiants. Ce gain en autonomie est important, car nous sommes confrontés à une violence extérieure qui s’aggrave et qui menace nos vies. »

Le pasteur Marten Mauri vient de Jayapura. Il a également participé à l’un des ateliers. Il est impressionné : « Les droits de l’homme et l’analyse sociale sont particulièrement importants parce que les chrétiens de la province de Papouasie (une des deux provinces de la région) sont actuellement confrontés à de grands défis qui menacent leur existence. Grâce aux connaissances nouvellement acquises, nous pourrons mieux protéger les personnes qui nous sont confiées. En outre, j’ai réalisé qu’en tant que responsable d’Église, je ne devais pas seulement m’occuper des questions de foi, mais que les droits de l’homme et les questions sociales étaient également des aspects indissociables de notre ministère pastoral. Les ateliers nous aident pour que nous puissions être le sel et la lumière en Nouvelle-Guinée occidentale, cette terre à la fois merveilleuse et pleine de problèmes. »

Mariance Ongomang a également participé à l’atelier. Elle est étudiante au Walter Post Institute of Theology et enseignante d’école du dimanche pour son Église. Mariance souligne : « Grâce à cet atelier, je comprends mieux ce dont les enfants ont besoin à l’école du dimanche. Je me sens également plus confiante pour aller vers les gens dans les villages et les instruire au sujet des droits de l’homme, en particulier des droits des enfants et des femmes. Enfin, je veux m’engager résolument pour notre pays que Dieu nous a donné. J’espère qu’il y aura encore beaucoup d’ateliers comme celui-ci. »

La responsable CSI pour l’Indonésie

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