
La jeune chrétienne Arzoo (13 ans) a été enlevée et mariée de force à un quadragénaire musulman. Après une décision du tribunal, elle se trouve dans un foyer pour femmes géré par l’État. Le ravisseur a été arrêté. L’organisation partenaire de CSI au Pakistan se bat pour que l’âge nubile des filles pakistanaises soit relevé à 18 ans dans tout le pays.
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Arzoo Raja est une fille de 13 ans habitant à Railway Colony, une ville qui appartient à la mégalopole de Karachi (20 millions d’habitants). Le 13 octobre 2020, alors que ses parents viennent de partir au travail, elle est enlevée par Ali Azhar (44 ans) qui la force à se convertir à l’islam et à l’épouser. Les parents déposent plainte, mais Ali se défend en affirmant qu’Arzoo a 18 ans et que c’est de son plein gré qu’elle s’est convertie à l’islam et qu’elle l’a épousé.
Le cas d’Arzoo a été relayé par les réseaux sociaux et a soulevé un véritable tollé au Pakistan. Ce sont avant tout des chrétiens qui ont fait part de leur indignation, mais des musulmans ont également pris part à la protestation. Une page Facebook a été ouverte et beaucoup de Pakistanais y ont exprimé leur solidarité.
Le père de famille s’est consacré corps et âme au destin de sa fille et il a perdu son emploi de chauffeur, mais l’organisation partenaire de CSI Pakistan Teacher Minority Association (PTMA) lui a apporté son soutien financier pour compenser cette perte. CSI a également fourni une aide juridique pour que le ravisseur soit déféré à la justice.
Après une décision du tribunal, Arzoo a pu recouvrer la liberté et elle a été recueillie dans un foyer destiné à l’accueil des femmes persécutées. Anjum Paul continue à œuvrer pour qu’elle puisse rentrer chez ses parents.
Malheureusement, Arzoo n’est pas un cas isolé : de nombreuses filles appartenant à une minorité religieuse sont islamisées ou mariées de force. Ce sont des cas dont on n’entend pas parler, des filles mineures, la plupart du temps chrétiennes ou hindoues, dont les parents sont trop pauvres pour pouvoir simplement déposer une plainte ou qui laissent rapidement tomber l’affaire après des menaces ou des pots-de-vin. Les filles concernées vivent dans les griffes de leurs bourreaux sans que personne ne le sache. Le nombre d’enlèvements et de conversions forcées augmente de manière inquiétante, mais le gouvernement n’entreprend presque rien pour lutter contre ce fléau. Trop souvent d’ailleurs, les policiers et les politiciens sont eux-mêmes liés d’une manière ou d’une autre à de tels agissements.
Le problème doit être attaqué à la racine et le partenaire CSI Anjum Paul s’y applique sans relâche : de manière générale, les filles ont besoin de plus de droits et d’une protection accrue. Si l’âge minimal du mariage était relevé à 18 ans, les filles seraient également mieux protégées contre le travail des enfants et pourraient ainsi achever une formation scolaire appropriée. Actuellement, l’âge minimal pour le mariage des filles est fixé à 16 ans et celui des garçons à 18 ans.
En 2019, le Sénat a bien soumis au Parlement une loi interdisant le mariage des jeunes filles de moins de 18 ans, mais quelques membres du gouvernement qui sont liés au ministère des Affaires religieuses ont poussé le Parlement à la rejeter à cause de son incompatibilité avec l’idéologie islamique et avec la charia.
Anjum Paul a donc lancé une nouvelle campagne pour faire pression sur le Parlement afin qu’il ratifie cette loi. Le travail de sensibilisation s’effectue à l’enseigne de Child rights & Gender equality (« Droit des enfants et égalité des sexes »). Plusieurs rencontres ont déjà eu lieu avec des activistes des droits de l’homme et des parlementaires.
Anjum Paul travaille aussi avec des politiciens musulmans qui ont à cœur les droits des enfants. Il réalise que « ce n’est qu’ainsi que nous avons une chance de parvenir à une modification de la loi. Il est remarquable de voir l’engagement assidu de nombreux membres de partis musulmans pour cette cause ». La musulmane Farah Agha est membre du grand conseil de la province du Pendjab. Elle est enthousiasmée par l’initiative : « Les mariages des enfants doivent cesser ! Je soutiens votre campagne dans le cadre de laquelle je prépare un projet de loi que je présenterai au Parlement. »
Le thème est aussi porté à la connaissance du grand public par le biais d’interviews à la radio et à la télévision. Il y a même des journalistes spécialisés dans cette thématique qui la relaient dans des journaux réputés. Certes, le chemin est encore long jusqu’à obtenir une véritable protection des filles mineures, mais Anjum Paul et son équipe n’abandonnent pas : « Je rêve qu’un jour toutes les filles mariées de force puissent rentrer chez leurs parents. C’est pour cela que nous nous engageons. »
CSI
Un tribunal de Karachi a lancé un mandat d’arrêt contre l’imam Qazi Mufti Ahmed Jaan Raheemi. C’est lui qui a avalisé le mariage forcé d’Arzoo avec son ravisseur Ali Azhar. L’inculpé avait en outre déjà participé à d’autres conversions forcées et à plusieurs cérémonies religieuses illégales impliquant des filles mineures.
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