Menacé et attaqué, notre partenaire reste engagé pour les chrétiens

L’avocat des droits de l’homme Solomon Dalyop Mwantiri dénonce publiquement les crimes commis par les islamistes peuls contre les chrétiens et leur demande des comptes. Ce courageux partenaire de CSI a été obligé de se cacher après avoir reçu des menaces de mort et survécu à plusieurs attentats. Il continue de lutter.

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Les attaques régulières des extrémistes musulmans peuls contre les chrétiens sans défense dans le centre du Nigéria causent des souffrances indescriptibles. La mort, la dévastation, l’expropriation des terres et les déplacements forcés sont toujours plus nombreux. L’avocat chrétien des droits de l’homme Solomon Dalyop Mwantiri est profondément bouleversé. Il habite dans la ville de Jos (État fédéré de Plateau) et dirige l’organisation partenaire de CSI Emancipation Centre for Crisis Victims in Nigeria (ECCVN).

Une lutte juridique déséquilibrée

Sa plus grande inquiétude est de constater que les auteurs de violences ne sont presque jamais poursuivis : « Les arrestations sont rares, et si quelques suspects ont néanmoins été appréhendés, ils ont toujours été transférés sans enquête préliminaire dans la capitale Abuja où ils ont été libérés sans procès. Cela encourage les agresseurs qui peuvent se vanter : personne ne s’oppose à eux. »

L’avocat peut citer de nombreux exemples. Il ne se souvient que trop bien de Kangyang James. Cette jeune femme de Rim (État fédéré de Plateau) a été violée à plusieurs reprises par deux éleveurs peuls. Me Solomon a assuré sa défense et s’il est vrai que les auteurs ont été arrêtés dans un premier temps, l’affaire a finalement été classée sans suite par le juge responsable du dossier sous prétexte que la victime ne s’était pas présentée au tribunal le jour du procès. Il faut savoir que le procès avait lieu le jour de son accouchement !

Jusqu’à présent, les islamistes peuls attaqués en justice par Me Solomon n’ont donc été que très rarement condamnés. En 2020, il a toutefois eu gain de cause dans une action qu’il a intentée contre deux éleveurs peuls qui avaient fait paître leur bétail dans les champs appartenant aux chrétiens du village de Jol (État fédéré de Plateau). Les coupables ont été condamnés à une amende. De nombreuses affaires similaires sont toujours ouvertes.

Malheureusement, son engagement tenace coûte cher à notre partenaire : à plusieurs reprises, il a échappé de justesse à une tentative de meurtre par des islamistes peuls. Il se souvient par exemple d’un voyage à Jol il y a quelques mois : « Les islamistes m’ont manqué d’un cheveu, j’ai vu les balles passer entre mes jambes. »

Il nous raconte aussi une journée où il avait rendez-vous avec la police pour contester l’expropriation de terres chrétiennes. « Un informateur peul a laissé entendre à certaines personnes que je ne devrais pas y aller et la visite a été annulée à la dernière minute. Quel soulagement, une embuscade avait été dressée pour me tuer ! »

Me Solomon continue à recevoir des menaces de la part des islamistes peuls ainsi que de la police et des hommes politiques. « On me demande d’arrêter de faire des reportages sur les attaques, car cela criminaliserait les Peuls en tant que groupe ethnique », explique-t-il.

Récemment, le 26 janvier 2021, un policier peul a convoqué Me Solomon au poste de Riyom pour lui demander s’il était le seul avocat de l’État fédéré de Plateau qui s’acharnait contre eux.

La peur le démoralise

Pour notre partenaire, il n’y a aucun doute : « Rien ne se passe sans la permission de Dieu. » Mais ce harcèlement lui impose une pression énorme. « Je vis dans une peur constante et j’atteins mes limites psychologiques. Partout où je vais, je suis surveillé. Ma famille vit également dans l’incertitude. Cela m’empêche souvent de dormir. »

D’un autre côté, il ne peut pas accepter de rester inactif quand il voit des gens se faire tuer, des récoltes être détruites et des terres chrétiennes saisies par des combattants peuls, tout cela sans que personne élève la voix. « Je refuse de me taire. Mais je vis dans l’isolement et je mets ma vie en danger lorsque je me rends sur le théâtre d’une agression. Je suis obligé de me déguiser quand je quitte ma maison. »

« La démocratie au Nigéria est entachée de fanatisme religieux et de sentiments hostiles à l’égard des chrétiens qui sont systématiquement opprimés. Je suis d’autant plus reconnaissant du soutien financier et du travail d’information réalisé par CSI ! »

La pression internationale est importante

Malgré les intimidations, Me Solomon continuera son combat juridique pour les victimes chrétiennes. Leurs souffrances pourraient être réduites si la communauté internationale faisait pression sur le gouvernement nigérian. La prise en charge médicale des victimes d’attaques religieuses pourrait par exemple être prise en charge par les fonds publics. En outre, la pression internationale devrait être utilisée pour promouvoir le retour dans leur village des personnes déplacées et des communautés chassées.

Le partenaire de CSI voit également un grand besoin pour les enfants vulnérables et pour les jeunes qui doivent abandonner tout espoir de suivre des études à cause d’un attentat. Ces personnes devraient être soutenues par l’octroi de bourses d’études. Me Solomon nous donne l’exemple de Victor Markus, un jeune homme de l’État fédéré de Plateau qui a dû être amputé de la jambe droite à la suite d’une attaque des islamistes peuls : Victor se bat passionnément pour être admis dans une école supérieure afin de réaliser ses rêves.

Il serait également important que les islamistes peuls soient clairement condamnés au niveau international et qu’ils soient considérés comme ce qu’ils sont : des terroristes qui n’ont rien à envier à Boko Haram du point de vue de l’horreur.

Reto Baliarda

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