
Le dictateur Omar al-Bechir, en place pendant trente ans, a été destitué il y a plus d’une année. Le nouveau régime a fait de timides premiers pas pour mettre fin à la discrimination des chrétiens. CSI interpelle le Premier ministre pour que les biens ecclésiastiques soient rétrocédés et la liberté de religion pleinement garantie.
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Pendant trente ans, le Soudan a été dominé par une dictature islamiste sous la conduite d’Omar al-Bechir, un membre des Frères musulmans. Des années au cours desquelles les chrétiens du Soudan ont vécu dans un climat de peur, de discrimination sociale et d’exclusion. Dans le Sud et dans les monts Nouba, ils ont même été victimes du djihad et de l’esclavage.
Après l’indépendance du Soudan du Sud majoritairement chrétien en 2011, la situation des chrétiens restés au Nord s’est encore aggravée : refus d’autorisations de construction de nouvelles églises aux communautés chrétiennes, églises séquestrées et détruites, chrétiens arrêtés arbitrairement, etc.
Après de violentes manifestations populaires, Omar al-Bechir a été renversé par l’armée en avril 2019. Quelques mois plus tard, un gouvernement de transition provisoire a été instauré avec le soutien massif des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte.
Le nouveau régime fait face à une forte opposition interne de la part des Frères musulmans et de plusieurs tribus mécontentes. En mars 2020, le nouveau Premier ministre Abdullah Hamdouk a été victime d’un attentat dont il est sorti indemne.
Selon le programme du gouvernement, « la promotion des libertés publiques et privées ainsi que la protection des droits de l’homme » figurent en tête des priorités. La promotion de la liberté de religion est également au programme.
Sous le mandat du Premier ministre Hamdouk, le gouvernement a fait des pas dans cette direction. Sa première mesure a été d’abroger la loi islamique draconienne relative à l’ordre public, notamment les prescriptions vestimentaires pour les femmes.
En mars 2020, le ministère des Affaires religieuses a dissolu les « Conseils des Églises », des institutions étatiques qui contrôlaient les Églises. Il arrivait que ces organismes ferment des églises ou conférent arbitrairement la construction de certains bâtiments d’Églises à l’État. La dissolution des « Conseils des Églises » est un premier pas pour rendre leur indépendance aux chrétiens.
Selon le journal Sudan Tribune, le gouvernement de transition œuvre également à l’abolition de l’article 126 du Code pénal qui sanctionnait de la peine de mort l’apostasie de l’Islam.
Les Églises subissent depuis longtemps des persécutions qui ont commencé bien avant la chute du régime. Elles sont donc sceptiques quant au sérieux du nouveau régime au sujet de la liberté religieuse.
Le ministère des Affaires religieuses a certes promis de restituer tous les biens d’Églises confisqués, mais ce processus n’avance que très lentement. Un camion de littérature chrétienne a été rendu en mars 2020 à l’Église baptiste après avoir été séquestré pendant huit ans. Mais d’autres Églises attendent toujours la restitution de leurs biens.
« Nous attendons des actes, pas des promesses », a déclaré le pasteur Yahya Abdelrahim Nalu, responsable de l’Église presbytérienne évangélique du Soudan en mars 2020 à Morning Star News.
La violence islamiste permanente à l’encontre les chrétiens fait douter plusieurs de la réelle volonté du gouvernement de protéger les minorités religieuses. Ces derniers mois, quatre attentats contre des églises ont été signalés, probablement de nature islamiste. Ils ont eu lieu dans la capitale Khartoum ainsi que dans l’État fédéré du Nil Bleu (à la frontière avec le Soudan du Sud).
L’esclavage reste également un problème. Des milliers de Sud-Soudanais sont toujours détenus dans des régions éloignées. Nombre d’entre eux sont issus de villages chrétiens. Leur situation est ignorée tant par le nouveau régime à Khartoum que par ses alliés internationaux.
Le dictateur islamiste Omar al-Bechir a été destitué. Mais la question de la garantie d’une véritable liberté de religion reste incertaine.
Morven McLean
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