Lois « anticonversion » : à partir de quand une conversion est-elle frauduleuse ?

Les lois « anticonversion » visent à empêcher la conversion des hindous à une autre religion, explique Chaya Kumar, partenaire indienne de CSI. L’avocate des droits de l’homme s’insurge contre la manière dont est appliquée la notion de « conversion par incitation » et contre le fait que les nouveaux convertis risquent eux-mêmes la prison.

Des chrétiens indiens. csi

Lors du congrès Christenverfolgung heute qui s’est tenu à Gémunde-en-Souabe en 2021, dans le sud de l’Allemagne, Chaya Kumar * a abordé le thème des lois indiennes qui restreignent la liberté de religion. Pour l’avocate, l’une des causes principales de la montée de la violence des foules hindoues contre les personnes d’autres confessions, ce sont les lois « anticonversion » qui obligent les personnes qui veulent se convertir à obtenir l’aval des autorités. Ces lois sont actuellement en vigueur dans neuf États fédérés indiens et elles sont appliquées de plus en plus sévèrement contre les chrétiens, ce qui aurait un effet dissuasif sur la propagation de l’Évangile. En effet, en cas d’« infraction », les personnes concernées risquent une peine pouvant s’élever à dix ans de prison.

Qu’est-ce qu’une « incitation » ?

Chaya Kumar explique qu’en vertu des lois « anticonversion », personne n’a le droit de convertir une personne à une autre croyance en usant de violence, de fraude ou d’incitation. Mais ce qui peut paraître raisonnable à première vue prend souvent des allures grotesques dans l’application de cet article. Surtout lorsqu’il est question d’accusations de conversion par incitation. « Si, par exemple, des enfants non chrétiens reçoivent des cadeaux tels que des crayons et des cahiers lors d’un événement chrétien ou si un chrétien parle du paradis après la mort, cela est vite considéré comme une tentative de conversion par incitation », déplore-t-elle. L’un de ses clients a même été accusé de conversion frauduleuse parce qu’il avait organisé une réunion de prière avec des personnes qu’il invitait à dîner.

La personne qui se convertit est punie

Pour la militante indienne des droits de l’homme, il est incompréhensible que même la personne convertie puisse encourir une longue peine de prison si sa conversion enfreint les lois « anticonversion ».

Chaya Kumar s’insurge également contre le fait que les lois « anticonversion » ne s’appliquent qu’aux conversions d’hindous à une autre religion, alors que la reconversion à l’hindouisme ne pose aucun problème, car celle-ci est considérée comme la « religion originelle » des Indiens. « Pourtant, la société indienne est multireligieuse depuis des siècles. Il y a aussi des chrétiens depuis le début de notre ère, puisque l’apôtre Thomas a visité mon pays. »

Chaya Kumar dirige un réseau national de juristes chrétiens qui s’engagent pour les droits des chrétiens accusés. Elle est soutenue par CSI depuis de nombreuses années.

Reto Baliarda

* Nom fictif

Un visiteur du congrès

Un visiteur du congrès

Venu de Waldenburg, dans le Bade-Wurtemberg, Thorsten Heidt a suivi l’exposé de Chaya Kumar : « J’ai trouvé remarquable qu’elle cite des exemples vécus. Ce qui m’a le plus ému, c’est l’histoire des soixante enfants en route pour un camp de vacances chrétien qui ont été tirés du train par des hindous et qui ont dû se rendre au poste de police. Le pire, c’est que les parents qui venaient chercher leurs enfants ont été arrêtés. C’est impressionnant de voir comme ils se sont accrochés à leur foi malgré plusieurs semaines d’emprisonnement ! »
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