
L’année dernière, au moins mille chrétiens ont été tués au Nigéria et les actes de violence se poursuivent. L’organisation de défense des droits de l’homme Christian Solidarity International (CSI) constate qu’au Nigéria, les conditions pour un génocide sont réunies. C’est pourquoi CSI demande au Conseil de sé-curité de l’ONU de prendre de toute urgence des mesures préventives.
En 2019, selon les estimations les plus prudentes des chrétiens autochtones, environ mille chrétiens ont été tués par des milices islamistes au Nigéria. La violence perpétrée à l’encontre des chrétiens et d’autres « infidèles » dans le nord et le centre du pays a atteint des proportions dramatiques. Rien qu’au cours de la première moitié de janvier 2020, des milices peules islamistes ont attaqué onze villages chrétiens dans les États fédérés de Kaduna et de Plateau : cinquante chrétiens ont été assassinés, cinquante-huit autres ont été enlevés. Ces dernières semaines, plusieurs vidéos ont été diffusées qui montrent des chrétiens nigérians décapités par des islamistes !
Le 23 janvier 2020, le Dr Samson Ayokunle a déclaré : « Dans leur propre pays, les chrétiens sont sérieusement menacés d’extinction. Le Nigéria est assiégé par des terroristes meurtriers, sanguinaires et criminels de Boko Haram, des bergers peuls terroristes, des bandits et des ravisseurs. »
Le Dr Ayokunle fait partie des représentants les plus importants parmi les chrétiens nigérians. Il parle en tant que président de l’organisation faîtière Christian Association of Nigeria (CAN) qui regroupe la plupart des quelque 80 millions de chrétiens du Nigéria.
Le 20 janvier 2020, le président local de la CAN de l’État fédéré d’Adamawa, le pasteur Lawan Andimi, a été abattu par le groupe terroriste islamiste Boko Haram. Le Dr Ayokunle a presque perdu sa confiance dans le gouvernement nigérian : « Nous demandons à la communauté internationale de nous aider afin que nous ne soyons pas éliminés l’un après l’autre. »
Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a également soulevé de graves préoccupations. Dans un rapport publié fin 2019, le Bureau du Procureur a averti qu’il existe une « base raisonnable » pour croire que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont eu lieu au Nigéria. Le rapport de la CPI indique que non seulement Boko Haram et ses ramifications islamistes font l’objet d’une enquête, mais également les Forces de sécurité nigérianes (NSF). Selon la CPI, l’enquête sur les NSF comprend des actes de violence contre des personnes associées au « Mouvement islamique chiite du Nigéria » et aux peuples indigènes à prédominance chrétienne du Biafra. (Bureau du Procureur, Cour pénale internationale (CPI), Rapport sur les activités menées en 2019 en matière d’examen préliminaire (disponible en anglais), 5 décembre 2019, p. 47-52.)
Le Dr John Eibner, directeur de l’organisation chrétienne de défense des droits de l’homme Christian Solidarity International (CSI) demande instamment aux Églises de suivre l’appel de la CAN en commémorant les chrétiens du Nigéria. John Eibner explique : « Il est nécessaire d’agir de toute urgence. Un génocide menace plusieurs régions du nord et du centre du Nigéria. Les attaques de plus en plus violentes et l’incapacité du gouvernement nigérian à prévenir ces crimes et à punir les coupables sont alarmants. »
En signant la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (CPRCG) de 1948, la majorité des États s’est engagée à empêcher les génocides. La responsabilité de protéger (R2P) établie en 2005 et soutenue par tous les États membres de l’ONU a réaffirmé cet engagement. CSI appelle particulièrement les États membres du Conseil de sécurité de l’ONU à remplir cette obligation de prévention du génocide au Nigéria.
Laurent Schlatter | info@csi-suisse.ch | +41 31 971 11 45
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