À nouveau sous un régime militaire

Le Myanmar est en état de choc. L’armée a repris le pouvoir le 1er février 2021 après avoir renversé le gouvernement dirigé par Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991. Il s’agit d’une attaque contre la démocratie et les réformes mises en place depuis dix ans.

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« Depuis plusieurs décennies, l’armée multiplie les violations des droits de l’homme à l’encontre des minorités ethniques dans notre pays. Malgré les accords de cessez-le-feu, des enfants, des personnes âgées, des femmes et des hommes sont attaqués, enlevés, violés, torturés et tués aujourd’hui encore », se plaint la partenaire CSI au Myanmar, membre de la minorité chrétienne des Karen.

Ce coup d’État choque tous les Birmans, nous explique-t-elle. Elle lance un appel enflammé : « La situation est très sombre. Mais nous, les minorités ethniques, devons tous nous lever, ne pas abandonner et nous battre pour la justice et la démocratie avec la communauté internationale. »

L’armée prend le pouvoir

Dès la victoire du parti démocratique LND (Ligue nationale pour la démocratie) en novembre 2020, des rumeurs d’un coup d’État imminent ont circulé. Quelques semaines plus tard, le 1er février 2021, la direction de l’armée a pris le pouvoir après avoir destitué le gouvernement civil et déclaré un état d’urgence d’une année. En 24 heures, la chef du gouvernement Aung San Suu Kyi a été arrêtée ainsi que plus de deux cent vingt autres personnes, parmi lesquels plusieurs hommes politiques, des militants des droits de l’homme, des journalistes, des écrivains, des musiciens et des moines bouddhistes. On ignore combien d’autres ont déjà été emprisonnés et le seront encore.

Il faut savoir que la principale raison de ce coup d’État n’était probablement pas la nouvelle défaite électorale des responsables militaires, mais plutôt l’amendement constitutionnel prévu par Aung San Suu Kyi en faveur de la démocratie qui limitait le pouvoir de l’armée et qui entravait ses apports financiers liés à la corruption.

Les minorités souffrent

Le coup d’État militaire a causé une onde de choc à travers tout le pays. La peur est particulièrement palpable parmi les membres des minorités persécutées. Pendant plus de soixante-dix ans, l’armée les a opprimés. Des centaines de milliers de personnes vivent dans des camps, parfois depuis plusieurs décennies, soit au Myanmar même, soit en Thaïlande voisine. Tous ces déplacés n’ont pratiquement aucune chance d’avoir un avenir en dehors de ces camps.

C’est le général Min Aung Hlaing qui dirige désormais le pays. Or selon les experts de l’ONU, cet homme devrait faire l’objet d’une enquête pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les membres des différentes minorités craignent un retour en arrière.

CSI aide sur place

Depuis le début de l’année 2020, CSI aide les résidents karen d’un camp dans la jungle du Myanmar. Il n’est pas facile d’apporter du soutien en raison du danger. Mais grâce au partenaire CSI sur place, nous avons les possibilités suivantes : d’une part, nous offrons une hospitalisation d’urgence aux personnes gravement malades ; d’autre part, nous payons les frais de scolarité et d’internat pour vingt-huit enfants karen en Thaïlande, ce qui constitue leur seule chance d’avoir un avenir en dehors du camp de déplacés au Myanmar.

Udom (15 ans) est l’un de ces élèves : « Nous avons dû fuir quand j’étais petit. L’armée a attaqué notre village. Elle a tout incendié et tué ou enlevé la plupart des habitants. Avec ma famille, nous avons réussi à nous échapper, errant dans la jungle pendant plusieurs mois avant d’arriver dans un camp. Nous nous sentions plus en sécurité ici que lorsque nous étions en fuite, parce que la milice karen gardait notre camp. Mais même dans le camp, nous souffrions souvent de la faim et nous vivions dans la crainte constante d’être attaqués par l’armée. En raison du manque de nourriture, nous avons souvent dû quitter le camp pour chercher des plantes sauvages comestibles. Mais l’armée en profitait pour nous attaquer. Elle a enlevé et tué plusieurs déplacés. »

Une vie à l’extérieur du camp

Udom peut maintenant aller à l’école en Thaïlande et recevra probablement la citoyenneté thaïlandaise après avoir obtenu son diplôme. Cela le réjouit beaucoup : « Tous les étudiants à qui cette opportunité est offerte sont infiniment reconnaissants aux donateurs qui nous soutiennent. J’aime le sport, mais j’aime surtout la cuisine. Plus tard, j’aimerais gagner ma vie comme cuisinier et soutenir ma famille dans le camp autant que possible. Tous ceux d’entre nous qui viennent du camp et vont à l’école ici souhaitent défendre les droits des minorités au Myanmar afin qu’elles puissent un jour vivre en liberté. Notre famille nous manque beaucoup, mais nous savons aussi que cette opportunité est un cadeau unique. »

La responsable CSI pour le Myanmar

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